Depuis toujours, la pizza a une place spéciale dans mon cœur. Étant moi-même Italienne, ce repas fait partie intégrante de mon alimentation, et ce, même après avoir immigré au Canada. Que ce soit ici ou auprès de ma famille en Italie, j’en mange régulièrement et je ne me fais pas de souci pour ça.

La pizza est pour moi synonyme de beaux souvenirs : mon père transformant la cuisine en véritable pizzeria un soir de semaine, les pizzas dégustées sur la terrasse en Italie avec mes cousins qui se chamaillent, ou encore les parts froides que l’on partage à 1 h 00 du matin après être rentrés de soirée…

Mais surtout, la pizza n’est pas synonyme de malbouffe ! Voilà, c’est dit. J’ai peut-être vendu la mèche un peu rapidement, mais je souhaitais attirer votre attention.

Maintenant, j’entends déjà certains me dire : « Comment peux-tu être nutritionniste et dire de telles choses ? » ; « La pizza n’est pas saine, tu ne devrais pas en parler comme ça » ; « Pourquoi incites-tu les gens à consommer de la malbouffe ? »

Vous savez quoi ? Je ne suis absolument pas d’accord avec ces affirmations. Enfin… Oui et non, mais vous comprendrez en lisant la suite de l’article.

La pizza nord-américaine est très différente de celle mangée en Italie. Chez moi, on dit même que ce sont deux plats différents ! Donc, oui, selon la pizza dont vous parlez, ce n’est peut-être pas le plat le plus nutritif au monde. Mais si vous parlez de la même pizza que moi, elle peut l’être.

Si vous n’êtes pas d’accord, laissez-moi vous convaincre.

Une brève histoire de la pizza

Avant de s’embarquer dans la fameuse question, « Est-ce que la pizza est de la malbouffe ? », nous allons remonter le temps et découvrir l’origine de la pizza. Si certains d’entre vous préfèrent directement passer à l’analyse nutritionnelle, cliquez ici !

Déjà à l’Antiquité, les peuples de la Méditerranée consommaient des pains plats cuits et garnis de différentes façons. Avec le temps, plusieurs régions ont adopté ce repas peu coûteux et le cuisinaient à leur manière. Ce n’est que vers la fin du 17^e siècle, avec l’arrivée de la tomate en Europe, que la pizza a commencé à ressembler à celle qu’on connait aujourd’hui.

C’est à Naples, vers le 18e siècle, que naît la pizza « moderne ». Ce plat était initialement destiné aux pauvres : économique et accessible, il était vendu dans les rues de la ville. Le mets s’est tranquillement démocratisé et des boulangeries, puis des pizzerias ont commencé à en vendre.

Selon une histoire populaire, Raffaello Esposito crée l’emblématique Pizza Margherita (tomate, mozzarella, basilic) en l’honneur de la reine consort d’Italie, Marguerite de Savoie. Cependant, il semble que cette pizza existait déjà plusieurs années avant. Bien qu’elle ait réellement été offerte à la Reine en raison des garnitures rappelant les couleurs du drapeau italien, elle n’a pas été créée pour elle !

Après cette petite parenthèse historique, on peut enfin plonger dans le vif du sujet : la Pizza est-elle vraiment de la malbouffe ?

La pizza en Italie

Comme la plupart d’entre vous doivent le savoir, la pizza est un plat typique en Italie, consommé assez régulièrement. C’est le plat passe-partout pour un souper en famille, une soirée entre amis ou un dîner avec les collègues.

Et non, pour ceux qui se le demandent, nous ne culpabilisons pas de manger de la pizza, et ce, même si ça arrive plus d’une fois dans la semaine.

Bien qu’il existe plusieurs variétés de pizza en Italie, avec des types de pâtes et de garnitures différents, aucune d’entre elles ne se rapproche des pizzas nord-américaines. La pizza italienne n’a pas seulement une saveur complètement différente, mais aussi une préparation bien à elle.

Chaque ingrédient est soigneusement sélectionné pour sa qualité et sa fraîcheur. Ce sont des produits locaux, de qualité et aucun additif n’est utilisé pendant la confection. Le choix des ingrédients et la quantité utilisée rendent aussi la pizza italienne légère et digestible que celle des États-Unis ou du Canada.

Entrons dans les détails de la composition de la pizza italienne.

La Pâte

La pâte est l’élément fondamental d’une bonne pizza italienne. Elle est généralement faite avec seulement quatre ingrédients : farine de blé, eau, levure et sel. Parfois, un peu de sucre ou d’huile peuvent être ajoutés pour aider à la fermentation et créer une saveur unique.

Mais dans tous les cas, l’ajout de sucre et de matières grasses ne se rapprochera jamais de celui dans les pizzas américaines qui parfois goûtent presque la brioche…

La Sauce

La sauce tomate utilisée sur une pizza italienne est très simple. Les tomates sont souvent de variété San Marzano, réputées pour leur goût sucré et leur faible acidité. Elles sont simplement pelées, épépinées et écrasées.

La sauce est souvent assaisonnée avec du sel et, éventuellement, un filet d’huile d’olive extra-vierge. Certains ajoutent du basilic ou de l’origan juste avant la cuisson. Une pizza authentique italienne ne sera pas assaisonnée avec une multitude de fines herbes.

Le Fromage

Le fromage le plus couramment utilisé sur une pizza en Italie est la mozzarella. Certaines variétés de pizza peuvent ajouter également du brie ou d’autres types de fromages pour créer des mélanges savoureux.

Cependant, la qualité et la quantité de fromage utilisé sont fondamentales pour ne pas rendre le plat trop lourd. Aussi, vous verrez rarement une grande couche de gras flotter à la surface de votre pizza. Et si c’est le cas, cela signifie que votre pizza n’est probablement pas si authentique que ça.

Les Garnitures

Les garnitures sur une pizza italienne sont souvent simples et limitées à quelques ingrédients frais et de haute qualité. Parmi les plus populaires, il y a la classique pizza Margherita garnie de sauce tomate, mozzarella et basilic frais ; la Marinara avec de la sauce tomate, de l’ail et une touche d’origan ; ainsi que la Quattro Stagioni, plus gourmande, garnie d’artichauts, de jambon/prosciutto, de champignons et d’olives.

Une de mes préférées, excepté la Margherita, est la Pizza Brie & Speck 😉

Les Valeurs nutritives

Déterminer les valeurs nutritives exactes des pizzas en Italie est un peu plus complexe. En effet, les restaurateurs n’affichent pas les calories sur leurs panneaux informatifs comme au Québec, par exemple. De plus, puisqu’il existe moins de chaines de restaurants de type Domino’s ou Pizza Hut, les documents avec toutes les informations nutritionnelles ne sont pas disponibles en ligne.

Pour ce faire, j’ai fait une moyenne des différentes valeurs trouvées en ligne et de celles estimées avec ma recette personnelle. Mon but ici n’est pas de vous donner le chiffre exact. Je souhaite plutôt vous donner une estimation de valeurs afin de les comparer avec celles de la pizza américaine.

Pour une pizza Margherita typique de 30 cm (12 po), voici une estimation des valeurs nutritives pour une tranche (1/8 de la pizza) :

• Calories : 95 à 110 calories
• Protéines : 4 à 5 grammes (provenant principalement de la mozzarella)
• Lipides : 3 à 5 grammes (provenant du fromage et de l’huile d’olive)
• Glucides : 10 à 15 grammes (principalement de la pâte)
• Vitamines et minéraux : vitamine C (des tomates), calcium (de la mozzarella), antioxydants (des tomates et du basilic)

NB : Ces valeurs sont des estimations ! De plus, en fonction de l’épaisseur de la pâte, de la proportion des ingrédients et des garnitures, les données peuvent changer !

La pizza en Amérique du Nord

En Amérique du Nord, la pizza est souvent très différente de celle préparée en Italie. Bien qu’elle soit inspirée de la version italienne, celle-ci a évolué pour répondre aux goûts et aux besoins des consommateurs locaux.

Je tiens quand même à préciser que je ne suis pas là pour rabaisser ou diaboliser la pizza américaine. J’ai moi-même mes endroits « chouchou » pour déguster de bonnes tranches fromagées de temps à autre.

Cependant, je dois également admettre que mon rapport avec la pizza d’ici vs celle de l’Italie est différent. Je ne classe pas le produit dans la même catégorie d’aliments et j’en consomme également de façon différente. Mais nous reviendrons sur ces détails plus tard.

Donc, pour revenir au cœur du sujet… En raison de ses ingrédients transformés et de ses portions généreuses, la pizza américaine est un aliment perçu comme gras, décadent. Il est souvent associée à un repas « récompense », un plaisir coupable ou un « cheat meal ». Contrairement à la pizza en Italie, la pizza d’Amérique du Nord est couramment attribuée à la malbouffe ou au fast-food, et à juste raison.

Maintenant, passons à l’aperçu détaillé de la composition de la pizza nord-américaine :

La Pâte

La pâte à pizza en Amérique du Nord est généralement plus épaisse et plus dense que celle de la pizza italienne. Elle est aussi souvent beaucoup plus grasse et sucrée puisque de l’huile (ou du beurre) et du sucre sont ajoutés en quantité non-négligeable.

Une grande quantité de sel est également souvent ajoutée, même s’il peut parfois sembler moins perceptible au goût. Croyez-moi que même si vous ne le goûtez pas, il est bel et bien présent.

La Sauce

La sauce tomate utilisée sur une pizza nord-américaine est souvent plus sucrée et plus épaisse que celle utilisée en Italie. Comme pour la pâte, la sauce est enrichie de sucre, de sel et d’huile.

Elle contient également divers assaisonnements, y compris de l’ail, de l’oignon et des herbes séchées. Ces herbes aromatiques n’ont pas d’impacts particuliers sur la santé, mais changent le goût de la pizza.

Encore une fois, c’est principalement la quantité de sucre, de sel et d’huile ajoutés qui peut avoir un impact sur la santé et le bien-être.

Le Fromage

Comme pour la pizza italienne, le fromage utilisé sur une pizza nord-américaine est généralement de la mozzarella et/ou des mélanges de fromages, comme le cheddar.

Les fromages utilisés sont industriels et contiennent souvent des additifs et des conservateurs. Ces fromages sont spécialement choisis pour leur capacité à fondre uniformément et à former une couche épaisse et élastique sur la pizza. Ils sont aussi moins chers…

Cependant, ces procédés de transformation rendent le fromage moins intéressant d’un point de vue nutritionnel.

Les Garnitures

Les garnitures sur une pizza nord-américaine sont souvent plus nombreuses et variées. On y trouve plusieurs viandes transformées (pepperoni, saucisse, bacon), des légumes (poivrons, champignons, oignons), et parfois des ingrédients moins traditionnels comme l’ananas ou le poulet barbecue.

Par habitude culturelle, la pizza est généralement consommée avec beaucoup de garnitures. Celles-ci ajoutent souvent des calories, des graisses et du sodium (sel) supplémentaires au plat !

Les valeurs nutritives

Cette fois-ci, il était un peu plus facile pour moi d’aller chercher des informations précises sur les valeurs nutritives des pizzas américaines en utilisant les documents disponibles sur les sites des restaurateurs.

Pour cette section, j’ai choisi la pizza au fromage de Domino’s Pizza puisque c’est une des chaines de pizzeria les plus populaires en Amérique du Nord. J’ai comparé les valeurs à d’autres chaines comme Pizza Pizza ou Pizza Hut et c’est assez similaire.

Voici une estimation des valeurs nutritives pour une tranche de la pizza au fromage moyenne (30 cm – 12 po) du Domino’s Pizza : 

• Calories : 210 calories
• Protéines : 10 g (provenant principalement du fromage)
• Lipides : 7 g (avec une proportion élevée de graisses saturées)
• Glucides : 25 g (principalement de la pâte) dont 2 g de sucre ajouté
• Sodium : 340 mg (provenant de la sauce, du fromage et de la pâte)

NB : encore une fois, les valeurs peuvent varier en fonction du type de pizza choisie, des garnitures et de la chaine de restauration.

Le combat final : Italie vs Amérique du Nord

Après avoir analysé les deux styles de pizza, certaines différences majeures se dessinent clairement. Pour aller un peu plus loin, je vais récapituler certains éléments notables à mon sens et enfin répondre clairement à la question : la pizza est-elle de la malbouffe ?

Les ingrédients

Bien que les composantes des deux pizzas soient similaires, les types d’ingrédients utilisés sont complètement différents.

En Italie, une attention particulière est portée à la qualité et à la fraîcheur des ingrédients. Les produits sont peu transformés et l’ajout de sucre, de sel et de graisses est limité au maximum. On le remarque notamment dans la composition de la pâte, de la sauce et dans l’ajout de garniture.

Culturellement parlant, la qualité de la nourriture en Europe est très différente de celle en Amérique du Nord. Les produits transformés sont beaucoup moins disponibles et appréciés, ce qui favorise une meilleure qualité de l’alimentation en général. Comme expliqué plus haut, cette particularité se reflète dans la composition des deux types de pizza.

En Amérique du Nord, une plus grande quantité de sucre, de sel et d’huile (ou beurre) est ajoutée dans la préparation de la pâte et de la sauce. Généralement, il y a aussi plus de fromages et de garnitures sur la pizza. De plus, les ingrédients de la pizza américaine sont plus industriels dans le but de donner des propriétés bien spécifiques à la pizza ; on repense au fromage qui est spécialement transformé pour le rendre plus filant.

Ces éléments sont ajoutés dans le but d’augmenter la palatabilité de la pizza. En d’autres mots, ils sont ajoutés pour activer le système de récompense de notre cerveau et rendre la pizza plus agréable à manger. Ces ajouts affectent aussi la valeur nutritionnelle du plat en augmentant la quantité de graisses, de sel et de calories.

Les valeurs nutritionnelles

Toutes ces différences influencent les valeurs nutritionnelles, qui sont bien distinctes. En examinant les valeurs nutritionnelles discutées plus haut (voir le tableau ci-dessous), on constate que la pizza italienne contient moins de calories, de graisses, de sucre et de sel que la pizza américaine.

	Pizza italienne	Pizza américaine (Domino’s)
Calories	95 à 110 kcal	210 kcal
Protéines	4 à 5 g	10 g
Lipides	3 à 5 g	7 g
Glucides	10 à 15 g	25 g (2 g de sucre ajouté)

Pour une part de pizza, ces différences peuvent sembler minimes, mais lorsqu’on compare les valeurs pour une pizza entière, l’écart devient significatif.

Dites-vous qu’une pizza américaine contient 1680 calories, comparativement à environ 750 calories pour la pizza italienne. Je ne ferais pas le calcul pour chaque nutriment, mais vous vous en doutez, la tendance se maintient.

Prenons un autre exemple : une part contient 340 mg de sodium. Si vous mangez la pizza entière, soit 8 tranches, votre apport en sodium sera de 2720 mg. Dites-vous que les recommandations suggèrent une limite de 2000 à 2300 mg par jour.

Ces mêmes réflexions peuvent se faire avec d’autres nutriments, comme les gras saturés ou le sucre ajouté par exemple. Je vous assure, on pourrait en parler encore longtemps…

Bien sûr, en vous donnant ces valeurs, je ne souhaite pas réduire le fait de consommer la pizza uniquement à des chiffres et des nutriments. L’aspect « plaisir » et « partage » est aussi important. Je souhaite simplement vous sensibiliser un peu à la composition de ce plat.

Cependant, je pense qu’il est temps d’enfin répondre à notre fameuse question.

Est-ce que la pizza est de la malbouffe ?

Enfin la réponse tant attendue !

Roulements de tambours…

OUI et NON !

Je pense que vous vous doutiez de ma réponse. En raison de sa composition, la pizza italienne n’entre pas dans la catégorie de la « malbouffe ». Certes, c’est un plat plus riche que certains autres, mais il n’est pas comparable à un burger de McDonald’s et des frites.

En Italie, l’importance accordée à la fraîcheur et à la qualité des ingrédients rend la pizza beaucoup plus équilibrée et nutritive que son homologue américaine. Donc, non, la pizza italienne n’est pas de la malbouffe.

En Amérique du Nord, l’utilisation de produits ultra-transformés, l’ajout de sucre, de sel, d’additifs et autres dénaturent ce plat traditionnel. Les habitudes culturelles, telles que l’ajout de nombreuses garnitures et de sauces, rendent la pizza beaucoup plus riche en calories et en graisses. En raison de cette composition nutritionnelle, la pizza nord-américaine devient un produit ultra-transformé et peut être considérée comme de la « malbouffe ».

Cela dit, mon objectif n’est pas de vous décourager de manger de la pizza américaine, ni de vous inciter à consommer de la pizza italienne trois fois par jour. Je souhaite simplement vous sensibiliser à la nature et à la composition des aliments. Un même plat peut avoir deux profils nutritionnels complètement différents en fonction de la manière dont il est préparé !

En fin de compte, il est important de faire des choix éclairés et de comprendre que toutes les pizzas ne se valent pas sur le plan nutritionnel.

Mot de la Fin

En conclusion, selon moi, la pizza n’est pas intrinsèquement de la malbouffe. C’est la qualité des ingrédients et la manière dont elle est préparée qui font toute la différence. En Italie, la pizza est un plat emblématique préparé avec des ingrédients frais et de qualité. En Amérique du Nord, la pizza est traditionnellement préparée avec des ingrédients différents et plus riches, ce qui la rend moins nutritive. À vous de choisir votre pizza préférée !

Références

Pour voir les références de l’article, cliquez ici !

• https://www.my-personaltrainer.it/nutrizione/calorie-pizza.html
• https://www.ristoranteraf.it/quante-calorie-ha-una-pizza-margherita/
• https://www.melarossa.it/nutrizione/calorie-della-pizza
• https://www.dominos.ca/assets/build/market/CA/_fr/pdf/Canadian-Nutrition-Guide-Final-Secure.pdf